GET OPEN, L’UPPERCUT BOOM BAP

GET OPEN, L’UPPERCUT BOOM BAP

Le groupe GET OPEN de Brooklyn prépare la sortie de leur nouvel EP pour Octobre. Ils réinventent l’écriture engagée du rap de la East Coast traumatisée par les années Trump.

« Where i’m from » (Cypher films)

GET OPEN, le groupe de New York, actif depuis les années 90, revient en force aujourd’hui avec un troisième album « Front and Center » qui sortira chez Overtime Records en Octobre 2020. Peu connus en France, ce groupe Boom Bap basé à Brooklyn, a sillonné les concerts US en première partie des légendaires KRS ONE, Jungle Brothers, Dead Prez, IAM et De La Soul. On avait découvert l’un des MC’s et producteur du crew, Siba Giba, franco-américain, dans la superbe web série « Paris 8, la fac Hip Hop » sur ARTE réalisée par Pascal Tessaud, où l’on découvrait au début des années 90, les guerres de tranchées entre deux profs ennemis Georges Lapassade et Desdémone Bardin, qui n’est autre que la mère de Siba.

Siba, reparti à NYC au milieu des années 90, a fondé avec ses acolytes Kiambu, Von, Zook un collectif Get Open au sein de l’université Suny Purchase, très connue pour son ouverture d’esprit et sa pédagogie expérimentale.

Ils enregistrent en 1993 un premier maxi « Here & Now » qui attirent les DJs de Jurassic Five, des Beastie Boys ou de House of Pain qui le jouent sur la Côte Ouest. Le buzz est lancé. Ça kick super vener.

Ils signent un EP 5 titres chez Yellow du Frenchy Bob Sinclar et tournent dans les Open Mics du Lyricist Lounge notamment et en première partie de grosses pointures.

Après un premier album « Classic » mystérieusement bloqué par le label Ubiquity pour « incompatibilité artistique » en 1998, le groupe GET OPEN est à deux doigts d’imploser. Traumatisés par ce terrible échec, les jeunes MC’s sont bloqués dans leur élan, la moitié du groupe passe à autre chose. Siba entre alors chez Def Jam, où il seconde la direction artistique de Dante Ross sur des projets de la grosse pomme. Il accompagne la sortie des albums de Trigga the Gambler et Dv Alyas Kryst.

Siba continue de bosser ses prods dans son coin et réussit à convaincre l’entourage d’Everlast, le légendaire rappeur de House Of Pain, qui recherche de nouvelles prods pour son album solo. Ce sera un carton planétaire phénoménal, Everlast décroche un triple disque de Platine à l’époque où cela voulait vraiment dire quelque chose en termes de ventes!

En 2013, GET OPEN reprend les chemins du studio avec une MixTape « BlackBook » et en 2014 un second album « the Week end » avec des prods de Rob Swift, Imhotep et AKH d’IAM. Viendra ensuite la Mixtape « IAM Open » sur les instrus d’ « Arts Martiens » en 2016. Années prolifiques.

Le climat politique catastrophique des Etats Unis a donné envie aux oldtimers du Mic’ de remonter sur le ring pour enfiler les gants de Boxe. Les années Trump marquent une accélération violente envers les minorités, les migrants mexicains, les musulmans et les noirs étant pris pour cible par les autorités racistes du pays. Le mouvement Black Lives Matter resurgit encore.

Get Open s’inscrit dans cette veine et propose dans ce nouvel opus une cartographie abrupte de la dérive réactionnaire trumpiste. Le clip « Tale of the tape » qui sera le premier de l’album annonce la couleur : Get Open sont archi fâchés. La colère, la tristesse et le ras le bol politique inondent chaque lyric virtuose du morceau.

Un véritable petit bijou d’écriture qui va remettre le groupe underground à une place de choix dans le panorama américain du rap conscient de plus en plus mésestimé par les médias et les radios Mainstreams actuels.

Get Open a également tourné un clip dans le South Bronx avec le réalisateur français Pascal Tessaud, réal confirmé de « Brooklyn » et de « Beatbox, Boom Bap autour du monde ».

Cultures urbaines sont résolument pro Get Open ! Un groupe désormais mythique, sorti de l’ombre avec faste pour éclairer notre quotidien fragilisé par le Covid et pour combattre par l’art tous les préjugés. L’uppercut arrive sec bientôt dans vos tympans!

Photo credit : David Medeiros